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Au départ, cette page devait être consacrée à peser le pour et le contre des différents arguments échangés sur le dossier Montpertuis. Nous avons même offert à nos contradicteurs un espace sur cette page, pour leur droit de réponse. Mais ces débats de fond ont vite été relégués au troisième plan, car deux nouveaux sujets incontournables ont émergé : l’intimidation et le mensonge. I - Le choc de l’intimidation Dans le monde tel qu’on se le représentait, les questions controversées faisaient l’objet d’un débat public. Mais nous avons constaté qu’au lieu de débattre, les dépositaires de l’autorité publique préféraient intimider. D’où ont-ils pris cette habitude insupportable ? En voici quelques exemples : Au tout début, dès que nous avons découvert ce qui se préparait à Montpertuis, nous avons immédiatement contacté nos élus pour en savoir plus. En effet, notre but n'est pas la contestation en soi, mais plutôt le dialogue. Nous nous attendions à ce qu'ils réagissent à peu près ainsi: "Tiens, vous avez des nouvelles informations sur l'industrie du bioéthanol? Montrez-nous votre dossier. Il est vrai que ce projet est séduisant, mais nous avons peu approfondi cet aspect des choses. Pourtant, l'aspect pollution doit, bien sûr, entrer en ligne de compte." Au lieu de cela, nous avons reçu, du Maire de Bellerive, ces menaces par lettre: "... nous venons d'apprendre que ce groupuscule est en train de se constituer en association, ce qui va naturellement conduire ses responsables à maîtriser à la fois leur communication et leurs agissements, faute de quoi ils s'exposent très rapidement à voir leur responsabilité civile et pénale engagée. " Réponse insolite, décalée, hors sujet. Criminalisation de la parole citoyenne. De vive voix, on nous a aussi menacé de "correctionnelle". Plus tard, dans un courrier du 13 mars 2018, Frédéric Aguilera, Maire de Vichy et Président d'agglomération, déclare qu'il "se réserve la possiblité de saisir les juridictions compétentes" pour faire cesser les "productions" que nous continuons d' "éditer". En somme, il nous ordonne d'arrêter d'écrire ce que nous écrivons ! Cette menace a été mise à exécution, comme l'explique la page News en date du 5 octobre 2018. Dans la page La guerre psychologique, nous approfondissons quelque peu les mécanismes de l'intimidation, tels que nous les avons vécus. Une autre forme de violence, plus sournoise, est l'utilisation des contre-vérités, dont nous allons donner une dizaine d'exemples. Pourquoi est-ce violent ? Parce que c'est une attaque contre nos valeurs et notre mode de fonctionnement. Nous ne voulons pas nous satisfaire d'un monde où le mensonge des dirigeants est "normal." II – Les faits: vérités et contre-vérités Ce site a pour vocation d'apporter un service public d'information. C'est parfois difficile, car les informations officielles sont données au compte-goutte (voir Information, où es-tu?). Nous citons nos sources et nous nous devons parfois de porter une appréciation, la plus objective possible, sur leur fiabilité. Dans ce contexte, ce serait trahir la confiance de nos lecteurs que de ne pas aborder le problème des contre-vérités qui ont jalonné nos recherches. C'est un aspect très déconcertant, auquel nous n'étions pas préparés. Notre première rencontre officielle sur le projet Montpertuis a eu lieu le 30 mai 2016. Ce jour-là, quatre membres du mouvement Danger Montpertuis ont rencontré Mr. Joseph Gaillard, Vice-Président de l’agglomération en charge du Développement Economique et Adjoint au Maire de Bellerive sur Allier en charge du Développement Economique. Lors de cette rencontre, et dans les échanges qui ont suivi, Mr. Gaillard a affirmé et répété les phrases suivantes, qui ont ensuite été démenties par les faits : 1 - « Il n’y a pas de pollution chimique sur le site de Montpertuis ». Pourtant, le très officiel rapport BASOL du 12 juillet 2017 (voir ici) indique, au contraire, que les sols du site de Montpertuis sont pollués par de nombreuses substances toxiques : plomb, arsenic, cuivre, solvants halogénés sont présents dans une « teneur anormale ». 2 - « Il n’y a jamais eu de produits radioactifs sur ce site." Et Mr. Gaillard a ajouté: "Vous êtes en plein fantasme. Retirez tout de suite ce mot de votre site web.» (affirmation réitérée le 3 juin à 18h par téléphone). Or, dans le premier compromis de vente du site, il est clairement indiqué en page 21 que « l’activité du vendeur [ GIAT Industries] a entraîné la manipulation ou le stockage de substances radioactives : radioéléments en sources scellées et des produits ou appareils en contenant : balises radio luminescentes au tritium et nucléomètres. » (voir ici). Qu'il reste ou non des traces de cette radioactivité n'est pas la question: Mr. Gaillard ne pouvait pas ignorer cet historique. 3 - « Contrairement à la 1° génération, la production de bioéthanol de 2° génération (bois) ne rejette pas de formaldéhyde. » Or, l’éthanol de 2° génération, non seulement rejette du formaldéhyde, mais rejette 35 fois plus de Composés Organiques Volatils (comme le formaldéhyde), que l’éthanol de 1° génération (voir ici). Il y a eu ensuite les déclarations sur FR3 du 1° juillet 2016, que chacun peut visionner ici. Mr. Gaillard y affirme que : 4 - « Les chiffres de l’association sont faux. » Cette accusation est inexacte et diffamatoire : le site que vous lisez est riche de plus d’une centaine de références. Chacun peut aller vérifier, par lui-même, sur quelles sources nous nous appuyons, et ce que ces sources révèlent. Dans le même reportage, Mr. Gaillard affirme que, 5 - «A ce jour, produire de l’alcool de 2° génération, ça n’existe pas. » Or, comme indiqué en page d’accueil, le rapport 2015 du « Conseil de Développement du Grand Clermont, » qui décrit en détail le projet Montpertuis, cite également les autres exemples de ce type de raffineries qui existent de par le monde, et sur lesquels la future raffinerie de Montpertuis va pouvoir s’appuyer : Crescentino en Italie, Ineos Bio aux USA, Granbio au Brésil, Enerkem au Canada, et Poet DSM aux USA (page 14 de ce rapport). Le titre du paragraphe est même : « La mâturité industrielle de la production d’éthanol de deuxième génération » ! Alors, ça existe, ou ça n’existe pas ? Cette liste n’est pas exhaustive. Passe encore quand ce sont des mensonges individuels, mais ce qui est encore plus troublant, c’est lorsque ces contre-vérités sont colportées en groupe. Le meilleur exemple en est… 6 - "Il n'y a jamais eu de projet éthanol à Montpertuis." Le cheminement de cette intox est chroniqué à la page News, notamment aux entrées des 28 janvier 2017, 27 mars 2017 et 6 avril 2017. Elle a commencé par cette étonnante affirmation: "Nous ne pouvons pas stopper un projet qui n'existe pas." (dixit le Maire de Bellerive, Mr. Joannet, en réunion publique; voir au 23 novembre 2016 de la page News en 2016.) Le 21 mars 2017, La Montagne, malgré tous les écrits et documents officiels, traite cette affaire de "rumeur" et de "fantasme." Nous n'avons jamais pu obtenir de droit de réponse. Par exemple, dans ce document du 20 novembre 2014, en page 4, Mr. Malhuret, le Président de l'agglomération, est très clair: il n'y a pas seulement un "projet", soutenu par la Communauté d'agglomération, et des "porteurs de projet", il y a aussi Michelin, qui a montré une "grande détermination": 7 – "Il est impossible d’interdire des activités ultra-polluantes dans un Plan Local d'Urbanisme." Ce mythe nous a été servi de nombreuses fois, par écrit (voir cette lettre ), par oral, en réunion restreinte et en réunion publique (voir la page News aux 23 novembre et 15 décembre 2016). C'était une excuse commode pour ne pas prendre d'engagement juridiquement contraignant. Nous lui avons définitivement tordu le cou dans ce document. 8 – "Le projet de PLU qui sera voté aura des interdictions d'ICPE. Vous n'avez plus besoin de manifester." Claude Malhuret nous a fait cette promesse deux fois, et les deux fois, ses propos ont été démentis, à notre grande déception: déception que notre demande n'ait pas été satisfaite, et déception qu'un homme si admiré puisse dire des choses qui se sont révélées fausses à plusieurs occasions. La première fois s'est passée ainsi: - 22 juin 2017: Mr. Malhuret nous annonce que le 14 juin 2017, un Bureau Communautaire se serait réuni, et aurait décidé d'inscrire des interdictions d'ICPE dans le projet de PLU. Il évoque la possiblité d'un compte-rendu public mentionnant cette décision. - 29 juin 2017: Nous interrogeons les élus Bellerivois sur le sujet. Ils démentent. - 1° juillet 2017: Nous envoyons une lettre à Monsieur Malhuret pour lui faire part de notre déception. Le deuxième fois est racontée sur cette page. En novembre 2017, Mr. Aguilera succède à Mr. Malhuret à la tête de l'Agglomération, et les mensonges continuent. Voici des exemples: 9 - La zone de Montpertuis "devient inconstructible" avec ce nouveau PLU, déclare-t-il le 18 novembre 2017, et 10 - "Toute évolution de la zone demandera une révision du PLU." Ces deux phrases ne décrivent pas la réalité du PLU tel qu'il a été arrêté le 16 novembre 2017. Les explications se trouvent en page News du 27 novembre 2017. 11 - "La réflexion [ sur une raffinerie d'éthanol à Montpertuis ] est totalement abandonnée depuis bientôt un an." III – Les débats Certaines affirmations, comme celles qui suivent, ne sont pas totalement inexactes, mais se discutent. Nous aurions voulu que la population puisse bénéficier de vrais débats contradictoires pour se faire sa propre opinion. A défaut, voici quelques propos entendus, et notre réponse. Ils disent : « Le Plan Local d'Urbanisme (PLU), en préparation à Bellerive, n’a rien à voir avec le développement du site de Montpertuis. » Nous répondons : En fait, le PLU est un verrou essentiel. Sans le changement de zonage souhaité par la Mairie de Bellerive sur Allier, aucune usine ne pourra, à l’avenir, se construire sur ce site. Il faut donc empêcher le changement de zonage pour bloquer l’installation d’industries à cet emplacement, aux portes de Vichy et au coeur de l'agglomération de Vichy Val d'Allier. Ils disent : « Il va bien falloir créer de nouveaux emplois, dans cette région qui a été sinistrée par le départ de nombreuses usines. » Nous répondons : Oui, il faut encourager de nouvelles créations d’emplois. Mais construire une usine polluante en pleine agglomération n’est pas la solution. Nous irions à l’encontre de l’attractivité touristique de Vichy/Bellerive, elle-même créatrice d’emplois. On ne s'attend d'ailleurs qu'à la création d'une cinquantaine d'emplois suite au développement du site de Montpertuis (la raffinerie d'éthanol d'Origny-Sainte-Benoîte, elle, ne compte que trente employés permanents, voir ici.) Quand on approfondit un peu les choses, on s'aperçoit que c'est un faux débat. Personne n'a à trancher entre la protection de la santé et du cadre de vie et l’activité, l’industrie et l’emploi. En effet, le "bio"éthanol est un secteur sinistré (voir Des usines mort-nées). Plus d'arguments sur le thème de l'emploi Ils disent : « Les normes sont très strictes actuellement. L’Etat ne permettrait pas des rejets nocifs pour la population. » Nous répondons : Quand nous sommes allés à la rencontre des Bellerivois et des Vichyssois, nous avons entendu beaucoup de témoignages de personnes qui avaient souffert de la proximité d’une usine chimique. L’une d’elle racontait que les odeurs d’une usine de Rouen, qui avait malfonctionné pendant une nuit seulement, s’étaient fait sentir jusqu’à Paris ! Une personne qui habitait à 20 km des installations chimiques de Commentry subissait des nausées qui la réveillaient la nuit. Une autre, ayant accompli une mission temporaire dans cette région de Commentry, n'arrivait plus à se débarasser des odeurs qui avaient imprégné sa voiture. Que dire à toutes ces personnes? Vous avez tort d'être indisposé, ces odeurs "n'existent pas", car l'Etat a tout prévu? Non, les projections de ceux qui théorisent derrière leur bureau ne pourront jamais remplacer les témoignages de ceux qui vivent les nuisances au quotidien. Et d'ailleurs, en matière de bioéthanol, les prévisions de pollution peuvent être jusqu'à cinq fois inférieures à la réalité sur le terrain (voir ici). Nous avons d'ailleurs rencontré, en personne, un riverain du "bio" éthanol qui est tellement incommodé qu'il a fondé, avec d'autres, une association ("Bucy-ça-pue") pour tenter de retrouver un cadre de vie décent (voir News, 2 décembre 2017). Ils disent: "Soyez tranquille, ça ne se fera pas de sitôt, parce que pour qu'un tel site fonctionne, il faudrait construire l'autoroute de Contournement Nord-Ouest de Vichy et ça, ça va prendre des années." Ou alors, "La dépollution du site actuel n'est même pas encore finie, on a le temps de voir venir!..." Nous répondons: Donc, ce qui va se passer à long terme n'intéresse pas les élus? Ils préfèrent laisser faire, laisser couler, ne pas s'inquiéter? On pensait que leur métier consistait, au contraire, à avoir une vision à long terme de l'avenir de leur territoire? Ils disent: "Soyez tranquille, ça ne risque pas de se faire, le Maire de Vichy ne laisserait pas s'installer une usine polluante." Nous répondons: Ce type de raisonnement, nous l’avons constaté depuis, est un grand classique. L’exemple suivant va illustrer ce qu’il vaut. Il existe déjà à Bazancourt, près de Reims, une sucrerie, assortie d'une unité de production de bioéthanol (éthanol-betterave, de 1° génération puis, récemment, éthanol-bois, de 2° génération; sachant que, nous l'avons montré à maintes reprises, les nuisances de la 2° génération sont encore pires que celles de la 1° génération). Or, les habitants souffrent tellement des mauvaises odeurs, qu'une équipe de FR3 a été dépêchée sur place pour enquêter (voir ici). C'est acté, les habitants vivent déjà un enfer de puanteur. Or, que dit le Maire de Bazancourt, interrogé par FR3? "On ne se contentera pas, et ça c'est une évidence, on ne se contentera pas d'un développement industriel sur le dos des populations..." Autrement dit, on va entendre le même refrain de "nous ne laisserons jamais faire ça", à toutes les étapes de la construction du projet, et même, comme à Bazancourt, *après* la construction du projet... Ils disent: "Ne vous inquiétez pas, il faut encore trouver des industriels intéressés et ça, ça n'est pas gagné" ou: "Avec les prix du pétrole à ce niveau-là, ça ne sera pas rentable, donc ça ne risque pas de se faire." Nous répondons: Si, justement, l'usine peut tout-à-fait se construire sans jamais être rentable; c'est même prévu, ce sont nos impôts qui vont la payer (voir Qui va payer?). Pour l‘instant, les subventions sont au titre de la recherche, de la compétitivité d’une nouvelle filière et du développement industriel d’une région un peu en retard comme l’Auvergne… Plus tard, une fois le site construit, les subventions seront au titre de la sauvegarde des emplois…. A propos des prix du pétrole: ils ne sont pas les seuls à entrer en ligne de compte. Michelin doit faire face à la hausse des prix du latex sur le marché mondial. Cette hausse devrait lui coûter la bagatelle de 900 millions d'euros, rien que pour 2017 (voir ici). Or, le projet éthanol est justement conçu pour parer à ces hausses du prix des matières premières qui entrent dans la fabrication des pneus. L'éthanol, disent les documents officiels, est une véritable "molécule-plateforme," c'est-à-dire qu'on peut le transformer en un grand nombre de produits chimiques, et en premier lieu le butadiène, qui entre dans la fabrication du caoutchouc synthétique. Donc, le projet n'a pas de raison particulière d'être remis aux Calendes Grecques. Et de fait, les deux principaux spécialistes et acteurs du projet l'ont répété: ce projet est "déja bien avancé" (Mr Joseph Gaillard, à la réunion publique du PLU du 27 avril 2016), il est « avancé, structuré, conceptualisé » (Mr L., responsable du projet à l'agglomération, entretien du 21 juillet 2016). Les employés de la déchetterie de Charmeil, qui se trouve à quelques mètres du site, nous ont aussi fait une remarque intéressante: interrogés pour savoir s'ils étaient au courant, ils ont répondu: "Nous allons bientôt devoir déménager, car nous ne pourrons plus recevoir du public à cet emplacement..." |