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Des usines mort-nées






« Jusqu’ici, le bioéthanol 2G a été une bonne façon de perdre de l’argent », peut-on lire dans le magazine Forbes, célèbre pour son classement annuel des hommes les plus riches de la planète (référence).

Et en effet les déceptions, faillites et reconversions ne se comptent plus dans ce secteur. Dans le Rapport 2015 du « Grand Clermont », qui est à ce jour le document public le plus détaillé sur le projet Montpertuis, en page 14, sont listées cinq usines phares, dont l'existence devait prouver la viabilité du projet Montpertuis :
- Crescentino en Italie
- Ineos Bio aux USA
- Granbio au Brésil
- Enerkem au Canada
- Poet DSM aux USA

Or, toutes ces raffineries de bioéthanol 2G semblent rencontrer de sérieux problèmes, certaines avant même d'avoir ouvert. De toute évidence, une usine en difficulté financière n'offre plus que des emplois précaires, et va tenter de rogner sur les dépenses de protection de l'environnement. De plus, elle risque de faire du "chantage à l'emploi" pour obtenir des assouplissements des règles environnementales.

A Crescentino, en Italie, l'usine Betarenewables tente de se diversifier pour survivre (voir Fiasco à Crescentino).

Ineos Bio en Floride (ref 1 et ref 2) et Granbio au Brésil (voir ici) sont actuellement à l’arrêt. Une deuxième usine Granbio, annoncée en octobre 2014, semble être tombée dans les oubliettes (référence).

L’usine Enerkem à Edmonton au Canada, en construction depuis 2008, connaît de graves difficultés financières et n’avait toujours rien produit en 2016 - mais avait englouti plus de 12 millions d'euros d’argent public, et plus 27,5 millions en infrastructures payées par la ville (référence).

Enfin, l’usine POET-DSM, dans l’Iowa, produit encore… mais c’est surtout de l’éthanol de maïs. Forbes estime que, tout comme la nouvelle usine DuPont, elle n’utilise que 10% de sa capacité de production d’éthanol cellulosique (référence).

« L’industrie de l’éthanol est à genoux malgré des milliards du contribuable et un marché garanti, » résume une spécialiste.

Alors, pourquoi s’obstine-t-on à investir dans ce secteur ? A cause des subventions et aides publiques, répondent en cœur les porteurs de projet. Par example, POET-DSM a reçu 80 millions (à fonds perdus) de la part du Département US de l'Energie (voir ici).

Un beau gaspillage….




Le cimetière des éléphants

En-dehors de ceux référencés par « Le Grand Clermont », de nombreux acteurs du bioéthanol font faillite ou rencontrent des difficultés.

Aux Etats-Unis on peut citer Verasun Energy, rayé de la carte, Pacific Ethanol et son usine mort-née en Californie, Renew Energy, Cascade Grain Products, Northeast biofuels, KiOR, tous victimes de faillite, et Aventine Renewable Energy qui a arrêté la construction de deux bioraffineries (référence).

Les sociétés Solazyme, Gevo et Amyris ont perdu 90% de leur valeur entre leur introduction en bourse et avril 2016 (référence).

En France, la société espagnole Abengoa envisageait très récemment de produire du bioéthanol 2G dans les Landes, sur un vieux site de gaz de Lacq. Elle avait demandé des subventions au Miistère de l'Industrie pour soutenir ce projet, qui représente un investissement de 200 millions de dollars (référence).

Mais comment avoir confiance, alors qu’Abengoa vient juste de mettre en faillite ses quatre usines aux Etats-Unis (voir ici)? Financièrement, Abengoa semble être au bord du gouffre (voir ici et ici).

En Angleterre, l’usine « gargantuesque » d’Ensus à Teeside a fait faillite, a été reprise par un groupe allemand, puis a re-fait faillite. Elle a englouti plus de 400 millions d’euros d’argent public et privé (référence).

"Toutes les unités de bioéthanol de seconde génération dans le monde tournent à 10, 20 ou 30% de leur capacité", explique le directeur général de Deinove, une société française de "chimie verte" (voir ici), qui a, elle aussi, reçu des fonds publics (de bpifrance, voir ici), avant de connaître des difficultés financières: son titre est passé de 16, à 2 euros actuellement.

Le point à retenir, c’est qu’à Montpertuis, ce n’est pas la protection de la santé et du cadre de vie contre l’activité, l’industrie et l’emploi. Il n’y a pas de perspective d’activité, d’industrie ou d’emploi dans le bioéthanol 2G. Comme le dit un commentateur, « On dit toujours que ce sera rentable dans 5 ans, puis 5 ans plus tard, on dit qu’il faudra encore 5 ans, etc » (référence).

Beaucoup d’investisseurs et de contribuables en ont fait la douloureuse expérience.

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