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En 2013 Crescentino, près de Turin, a donné le jour à « la première grande usine d’agrocarburant de deuxième génération en Europe », avec une capacité de 75 millions de litre d’éthanol
( voir ici ) - soit deux fois moins qu’à Montpertuis.
La suite ressemble à une comédie à l’italienne. Mais comme pour beaucoup de choses, « ça n’arrive pas qu’aux autres »…. Acte I : La duperie Une association locale raconte que le projet avait évolué à bas bruit. On avait dit aux habitants qu’on construisait des bâtiments avec des panneaux solaires. Le jour où l’opposition municipale a découvert de quoi il s'agissait, tout s’est accéléré : le permis de construire a été obtenu illico presto, et tout s’est mis en place avec une vitesse « digne d’une bande bien organisée. » ( voir ici ) Acte II : Les sept plaies d’Egypte … ou plutôt, les quatre plaies, qui s’abattent alors sur Crescentino ( d’après cet article) : - des odeurs « abominables » dans la (probablement très élégante) rue Michel Ange - une fuite de gaz à la raffinerie - un déversement accidentel de boues dans la rivière - la rue Landoglio jonchée de poissons morts Acte III : Les joutes oratoires C’est l’élue d’opposition Signora Mosca qui ouvre le feu (voir cet article) : « Je n’en ai rien à faire, de vos données, de vos paramétrages, de vos mesures, de toutes vos chicaneries… ce que je vois, c’est que les poissons meurent et que l’air est irrespirable. » En face, l’édile se drape dans sa dignité : « Madame, je n’ai pas besoin de vous pour me dire ce que j’ai à faire. J’habite encore plus près que vous du site, et je les sens, moi, les odeurs, même avant vous. Je suis déjà allé voir là-bas, et le chef m’a dit que les odeurs étaient dûes aux matières premières stockées sur le site. » (référence) Un commentateur défend l’honneur de l’élu : « Ce n’est pas bien, de dire du mal. Le Maire a toujours dit qu’il ne laisserait jamais une usine polluante s’installer – donc elle n’est pas polluante. Ce n’est pas bien, de dire du mal… » (4° commentaire après cet article, d’un auteur qui a choisi de s’appeler « Nasofino »…) Acte IV : Le Fiasco La fin est tragique : l’usine perd tellement d’argent qu’elle est obligée de se recycler, au moins en partie, en vulgaire centrale thermique. Tous penauds, les constructeurs vont quémander auprès des pouvoirs publics des autorisations pour brûler, non seulement leurs propres déchets, mais aussi des matières apportées de l’extérieur (référence). Et ce n'est pas étonnant: la plupart des raffineries de bioéthanol 2G connaissent effectivement beaucoup de difficultés à rester en activité (voir Des usines mort-nées). Mais les grands perdants, ce sont les habitants : car devant la faillite proche, l’usine quémande aussi un assouplissement des règles environnementales, qu’elle avait, de toute façon, dépassées depuis longtemps… (référence.) Signez la pétition. Faites un don à l'Association. |