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A Bazancourt dans la Marne, sur le site de Pomacle, est installée une usine de bioéthanol... mais pas n'importe laquelle: il s'agit d'une des premières raffineries en France de bioéthanol de 2° génération, c'est-à-dire fabriqué à partir de bois, d'herbes ou de tiges. C'est un peu le prototype de la future raffinerie qui se construira à Montpertuis. Cette usine sert d' "unité de démonstration" au projet Futurol, un projet dont l'aboutissement est la construction d'une raffinerie de taille industrielle, avec une capacité de 180 millions de litres par an - une capacité comparable à ce qui est prévu à Montpertuis. La raffinerie de Montpertuis sera donc 1000 fois plus grande que celle de Bazancourt... Dans le croquis ci-dessous, le "pilote", c'est Bazancourt, le "prototype", c'est une unité récemment construite à Bucy-le-Long (près de Soissons), et l' "unité industrielle" est du même gabarit que celle qui est décrite dans les documents officiels sur le projet Montpertuis. Tout semble aller très bien, puisque cette usine-test de bioéthanol deuxième génération a été validée "sur les plans économiques et environnementaux." (voir ici). Un film promotionnel des installations à Bucy-le-Long vient même d'être mis en ligne par Futurol ici. Mais les habitants, eux, qu'en pensent-ils? Si les donneurs d’ordre sont heureux, qu’en est-il des habitants ? Empestés qu'ils étaient par la sucrerie depuis des années, la coupe a été pleine, pour eux, lorsque sont arrivées les usines de bioéthanol. C'est là qu'ils ont tiré la sonnette d'alarme et convoqué la presse, le Maire et le Préfet. FR3 a enquêté et a pris la mesure du "ras le bol" généralisé: des habitants excédés qui s’organisent pour témoigner, des odeurs dégoûtantes qui s'insinuent dans les maisons, dans la gorge.... Visionnez le reportage de FR3 ici. Quant à Bucy-le-Long, l'installation de la nouvelle raffinerie, bien que jamais annoncée à la population, n'est pas passée inaperçue ! Les odeurs ont immédiatement suscité la création de l'association "Bucy-ça-pue", que nous avons eu le bonheur de rencontrer (voir en page News du 2 décembre 2017). Bien sûr, à Bazancourt et à Bucy-le-Long, les odeurs du bioéthanol se rajoutent à celles, plus anciennes, engendrées par la sucrerie. Mais à Montpertuis aussi, il faudra passer par la case "sucre." Et d’autres activités industrielles viendront se greffer sur la raffinerie: par exemple, - la combustion de la lignine, (sous-produit du bioéthanol 2G) pour générer de l'éléctricité, - le retraitement des eaux usées, - la fabrication des stocks d'enzymes (comme à Bazancourt depuis 2016, cf ici) ou - la fabrication de biobutadiène sous la houlette de Michelin, puisqu'on reparle de mettre les deux projets, le bio-éthanol et le bio-butadiène, sur le même site (voir ici), etc. La page Au-delà de l'éthanol recense d'autres installations possibles, qui pourraient venir se rajouter au site et à la pollution qu'il génèrera. C'est clair: on nous a assuré que le bioéthanol ne serait qu'une "infime partie" de la plate-forme industrielle à Montpertuis. Mais la raffinerie elle-même sera déja mille fois plus grosse que celle de Pomacle-Bazancourt… A Bazancourt, les odeurs pestilentielles, auxquelles on ne peut pas s'habituer, qui obligent à rester confiné chez soi, ne sont pas la seule leçon à retenir du malheur des habitants. Il y a d'autres leçons plus "politiques" à en tirer, qui sont détaillées dans notre rubrique Débats. La malédiction du « vieux » site industriel Et aussi, ce fait à retenir: à Bazancourt, l'usine s'est intégrée à un complexe déjà existant, qui, au fil des années, a pris une taille gigantesque. Quand on ouvre les vannes de l'industrie - ce qu'on s'apprête à faire, définitivement, en reclassant le site de Montpertuis en zone industrielle - on sait comment ça commence, on ne se sait pas comment ça finit. Avec la croissance démographique et l'extension des habitations dans les campagnes, les zones industrielles d'antan (celle de Montpertuis date des années 1930) se sont retrouvées très proches des agglomérations - un peu comme les anciens cimetières qui se retrouvent, de nos jours, en plein centre ville. Garder ces anciens emplacements industriels est un non-sens. Ils devraient, soit être sanctuarisés (lorsqu'ils sont pollués), ou alors, s'ils ont propres, intégrés à la vie de l'agglomération. Et de nouveaux sites industriels devraient être construits, mais loin de toute habitation. Pour plus d'infos sur le thème de l'emplacement géographique, lire ici. |