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Protégez Vichy!




par Alice B. et Michelle V.


Reine des villes d’eau, je vois pourtant de lourds nuages s’accumuler sur moi et sur mon avenir. Pourtant, maintes fois trahie, je me suis toujours relevée.

Depuis la nuit des temps, depuis Vercingétorix et César, à travers les siècles, et
jusqu’ aujourd’hui, les foules se pressent pour goûter les vertus curatives de mes eaux.

J’entre dans la grande famille des Bourbons au XIVe siècle. Devenue l’un des joyaux de la Couronne de France au XVIe, c’est Henri IV qui me donne mes lettres de noblesse.
Ah! le Grand Siècle !!! Les architectes royaux sculptent ma beauté. J’accueille Madame de Sévigné, puis les Grandes Demoiselles, filles de Louis XV, et bien d’autres personnages illustres.

Passée la Révolution française, la famille Bonaparte me sort de ma léthargie. Je connais, avec Napoléon III, une période de gloire éclatante: fastueuses réceptions organisées pour l’Empereur et sa suite sous la baguette du Maître Isaac Strauss; chefs d’œuvres d’urbanisme que l’on peut admirer encore aujourd’hui. Ma chère rivière sauvage est débarrassée de ses marécages et bordée de parcs et d’essences venues du monde entier.

La République me dote d’un magnifique Opéra Art Nouveau, qui attire un public de choix, et où convergent tous les grands noms de la scène internationale, rivalisant d’élégance. De belles dames en crinoline se promènent sous mes galeries avec leur petit chien de manchon.




À nouveau, les architectes de renom déploient sur moi leurs talents : parcs, villas, grands hôtels, établissement thermaux, hôtels particuliers, me donnent un charme irrésistible, à la fois classique et exotique.

Dans les années 1930, à l’apogée de ma splendeur, je suis tout entière consacrée aux plaisirs, aux promenades, aux spectacles, aux restaurants et aux fêtes.

L’Occupation défigure ma renommée, mais je retrouve ma nature après la guerre, dès les années 1950.

Le thermalisme de cure évolue vers un thermalisme de beauté et de bien-être. Je m’enorgueillis de nombreuses tables gastronomiques. Mes rues sont embellies, mes façades restaurées; ma rivière offre aux promeneurs une longue esplanade qui leur permet de flâner, de courir, de s’adonner aux joies de la petite reine, en s’emplissant les poumons d’un air apaisant.

Le parc Omnisport se construit, puis le Palais du Lac et le Stade Nautique, attirant les amateurs de sport et d’élégance pour de nombreux évènements.

Je me sens bien dans l’écrin de ma chère Montagne Bourbonnaise d’où dévale le clair Sichon, et dans la compagnie de mes voisines, villes "sœurs en territoire," qui savent, elles aussi, déployer tous leurs charmes.




Or, mes sœurs du Val et de la Montagne, mes admirateurs du monde entier, savez-vous ce qu’on est en train de fomenter dans votre dos ?

Une gigantesque usine de chimie, que l’on dit verte pour la faire avancer masquée !

On veut que votre belle nature s’enlaidisse de cheminées qui vont narguer vos chênes, vos hêtres et vos séquoias, venus de si loin.
Leurs fumées vont, à petit feu, tuer les gens que revitalisaient les eaux de nos sources, et noircir vos églises et mes palais des Mille et Une Nuits.
Nos routes champêtres, que parcouraient d’élégantes calèches, vont supporter le trafic assourdissant d’une noria de camions transportant, jour et nuit, la nourriture de monstres qui vont recracher leur pestilence dans notre atmosphère.

J’ai déjà, au cours de mon histoire, souffert de la folie des hommes.

Je ne vous avais pas dit qu’ils avaient fondu, pour en faire des canons, les nobles allégories qui encadraient la statue de ma République, sur la place du même nom; qu’ils m’avaient volé, pour les vendre à l'étranger, les magnifiques globes de cristal qui ornaient mon hall des sources.

Mes sœurs bourbonnaises, nous qui avons toujours su nourrir nos enfants, gardons-les à présent des empoisonnements, gardons-nous du viol qui nous menace.




Si nous ne résistons pas dès maintenant à la souillure qu’on ourdit contre nous, il ne nous restera plus qu’à courber l’échine et à agoniser en silence.

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